Camille Besson: jeune talent de Chablis
A seulement 11 ans, elle rêvait déjà de devenir œnologue. Douze
années plus tard, diplôme en poche, elle revenait à Chablis avec son frère
Adrien pour métamorphoser le domaine Besson avec la bienveillance de son père. A
l’automne dernier, elle a obtenu la consécration à Beaune en décrochant le trophée des "jeunes talents de Bourgogne".
Le déclic s’est produit le jour où Camille Besson a
découvert qu’elle aimait « tout ce qui avait un lien avec l’odorat et le
goût ». Elle n’avait que 11 ans et elle se demandait déjà comment elle
pourrait se faire sa place dans le monde du vin et des adultes. Elle s’est confiée à son père,
Alain. « Il y-a-il un métier dans le vin qui met en valeur ces qualités-là ? »,
lui-a-t-elle demandé. « Bien sûr, œnologue », a-t-il répondu
sobrement, sans imaginer un seul instant ce que ce mot savant allait déclencher
chez sa fille.
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Camille et son père Alain |
Formation en cachette
A l’âge où les enfants se tâtent, qu’ils s’imaginent pompier
ou maîtresse, Camille avait fait son choix. Elle serait donc œnologue. Par
tradition, son père s’attendait plutôt à ce que son frère Adrien, de trois ans
le cadet de Camille, reprenne un jour le domaine. Petit à petit, épaté par la
détermination de sa fille, il s’est rendu compte que ses enfants pourraient tous deux prendre la relève. Il s’est dès lors employé à former sa fille. Lorsqu’il
débouchait une bouteille, il lui faisait sentir les arômes. En cachette, car
son épouse, qui ne buvait pas une goutte de vin, ne l’aurait jamais toléré.
Forte de son Bac S, qui l’avait préparée à la dimension
scientifique de l’œnologie, Camille a mis le cap sur l’Institut universitaire
de la vigne et du vin de Dijon. A 23 ans, diplômée, elle est revenue au
domaine avec son frère. Ils se sont répartis les rôles que leur père assumait seul
jusque-là. Adrien a pris en charge le travail à la vigne au grand air. Camille s’est retrouvée avec bonheur enfermée entre les quatre murs de la cuverie à travailler ses vins.
Le tour du monde
Camille n’aime pas le mot révolution. Elle préfère parler de
transition en douceur avec son père. Il n’empêche qu’elle a transformé avec son
frère le domaine Besson depuis leur arrivée en 2013. Avant, son père vendait
essentiellement son vin en vrac et sa production personnelle ne tournait qu’autour
de 10.000 bouteilles par an. Aujourd’hui, le domaine en produit dix fois plus,
dont le 90% est vendu à l’exportation, principalement aux Etats-Unis, au Canada,
au Royaume-Uni et en Australie. Le nom de Besson fait désormais le tour du
monde.
La touche de Camille se retrouve dans l’élaboration du vin.
Elle exige deux qualités avant tout : l’élégance et l’expression de la
minéralité du terroir chablisien. Deux conditions qu’elle obtient avec un
élevage plus long que celui que pratiquait son père, soit de 12 à 18 mois. Elle
y ajoute un peu de fût de chêne, autour de 8%, juste ce qu’il faut pour apporter
de la finesse sans effacer la minéralité, comme dans son Premier cru Montmains.
Le domaine a dû investir dans le fût de chêne. Il n’en avait pas. Son père ne
faisait que de la cuve Inox. Pour autant, il ne s’est jamais montré choqué par
les initiatives de sa fille. Au contraire, il l’a toujours soutenue dans sa
démarche.
Et puis, Camille a aussi changé l’emballage des bouteilles
pour lui donner la même élégance qu’à ses vins. Une touche plus féminine sur
les étiquettes, même si elle refuse de jouer sur sa condition de femme pour
mettre ses vins en avant. En cinq ans, le domaine Besson a ainsi été transformé
pour le grand bonheur d’Alain, heureux que ses deux enfants travaillent ensemble sur un
domaine de 21 hectares, décliné en sept crus, dont Les Clos et Vaudésir.
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Les sept crus déclinés par le Domaine Besson |
Jeune talent
Camille a brûlé les étapes, les unes après les autres. Elle avait un autre objectif en tête qu’elle a poursuivi avec la même
détermination. Elle voulait obtenir le trophée des "jeunes talents de Bourgogne". Un titre qui lui donnerait de la reconnaissance
parmi ses collègues. Les mêmes qui parfois la prenaient de haut lors de
dégustation en la renvoyant à son jeune âge.
Elle a tenté sa chance à quatre reprises, se retrouvant à
trois occasions parmi les nominés du Chablisien. A l’automne dernier, à Beaune, elle a obtenu
la consécration pour son Petit Chablis et ses premiers crus Vaillons et Montmains. Si l’adage dit
vrai et s’il l’on reconnaît effectivement les bons vignerons lors des millésimes difficiles, Camille
ne pouvait trouver mieux pour obtenir cette récompense. Ses vins étaient tous
trois des 2016, le millésime le plus compliqué à gérer depuis son retour au bercail.
Antonio Rodriguez/Chablisnews
A noter, pour ceux qui en auraient l’occasion, que les vins Besson sont en
dégustation au Restaurant Les Climats à
Paris, à l’occasion ce lundi de la soirée consacrée à la
dernière promo des « Jeunes talents de Bourgogne ».
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