“L’inattendue”: la miraculée 2016




Plutôt que "L'inattendue", Jérémy Venon devrait appeler sa cuvée phare "La miraculée". Son millésime 2016 est une sorte de "Moïse", non pas sauvé des eaux, mais de la gelée noire qui s'est abattue cruellement sur le Chablisien dans la sinistre nuit du 26 au 27 avril 2016. Un phénomène rare et dévastateur qui a "grillé" au printemps près de la moitié de la récolte en quelques heures et une poignée de degrés sous zéro.   


Juste avant le désastre, pendant que la neige tombait sur les vignes en fin de journée, ce jeune vigneron dénichait en dernière minute des bougies. Des chaufferettes très photogéniques, du moins pour le commun des mortels qui s’extasie devant les clichés des coteaux chablisiens illuminés. Pour les vignerons, en revanche, quand les vignes brillent de mille feux la nuit, c’est que la mobilisation générale est décrétée.

Jérémy Venon a mis le feu “ juste avant que la température chute”, se souvient-il. Vers 4h du matin, le ciel s’est dégagé. Une lune presque pleine a fait son apparition dans le ciel. Il était moins une, ou plutôt presque -5. Il s’en est fallu de peu, mais sa parcelle qui jouxte le premier cru des Fourneaux, sur la commune de Fleys, était sauvée.
Ex-courtier en vins, Jérémy avait acquis ces vignes un peu par... miracle. Un concours de circonstances auquel elle doit son nom, “L’inattendue”. Une parcelle qui lui a ouvert la voie pour élaborer son propre vin. Le hasard a décidément bien fait les choses. Son premier millésime, le 2014, lui a permis d’élaborer un Chablis bien tendu et minéral comme il les aime. Après un 2015 plus en rondeur, il a retrouvé de la tension avec sa “miraculée” 2016 qui a séduit le restaurant étoilé La Côte St-Jacques, à Joigny (Yonne).


A vrai dire, Jérémy est lui-même un miraculé, comme sa vigne. Au printemps dernier, il a été victime d’un accident de tracteur pendant qu’il travaillait sa parcelle. Ejecté dans les rangs, il en est sorti indemne... “Je ne sais pas comment j’ai fait”, reconnaît-il. Peut-être un signe divin ou du vin pour qu’il change le nom de sa cuvée, qu’il la baptise exceptionnellement “La miraculée”? A moins qu'il ne préfère “En même temps”. Une expression devenue tendance pendant qu’il vinifiait son millésime dans sa cave, qui résumerait si bien cette “Inattendue”. Pas vraiment un premier cru, mais en même temps, elle a tout des Fourneaux. Sauf le prix. Une raison supplémentaire de croire aux miracles.
Par @ChablisNews

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