Domaine Grossot: à la conquête du label vert




« On apprend de ses erreurs », reconnaît Jean-Pierre Grossot. Aux côtés de sa fille Eve, qui a repris la gérance du domaine il y a un peu plus d’un an, il montre avec fierté la contre-étiquette des bouteilles du domaine qui arborent désormais un label vert longtemps désiré. Il leur avait échappé une première fois au printemps pluvieux de 2016, lorsque Jean-Pierre a choisi face aux éléments déchaînés de revenir aux traitements conventionnels pour combattre le mildiou qui dévastait les vignes. Le deuxième essai a été le bon. Et même si le mildiou est revenu à la charge l’an dernier, le domaine a résisté cette fois-ci. Récit d’un combat.

« Le bois était attaqué par le mildiou ». Officiellement à la retraite comme son épouse Corinne, Jean-Pierre se souvient encore des taches blanches qu’il découvrait sous les feuilles avec désespoir jour après jour lorsqu’il effectuait la tournée des vignes au printemps 2016. Le gel avait ravagé les bourgeons à la fin avril. Et la pluie ne lui accorderait aucun répit jusqu’en juillet. Elle « lessivait » le traitement au cuivre et rendait inutile tous ses efforts contre la maladie. « La pression était énorme », se souvient Jean-Pierre, débordé alors par le mildiou. Et comme d’autres vignerons bio du Chablisien, face à l’étendue des dégâts, il a baissé les bras face aux caprices d’une nature ingrate qu’il s’efforçait pourtant de respecter autant que possible. « J’ai alors décidé de sortir du bio », résume-t-il.

Au domaine, pourtant, tout était prêt. Le millésime 2015 était sur le point d’être mis en bouteille. Il aurait dû afficher pour la première fois le label bio sur la contre-étiquette du domaine fondé en 1920 par le grand-père. « Il est décédé en 1989 d’un cancer. Dans le même service à l’hôpital de Dijon, il y avait trois autres viticulteurs atteints de la même pathologie. Cette génération-là a bouffé plus de produits que nous », déplore Jean-Pierre qui a rapidement choisi d’en limiter l’usage. Le passage au bio s'est fait par étapes. Le domaine a d’abord commencé à labourer les vignes, histoire de « ne pas griller le terroir avec du désherbant », explique Jean-Pierre, toujours à la recherche de « la tension chablisienne et de la fraîcheur » pour ses vins.

Et puis, en 2012, c’est le grand saut : le domaine entame sa conversion. Un millésime pluvieux qui leur donne pas mal de fil à retordre. Mais ils s’en sortent. Et puis arrive 2016 avec son déluge…

Le mildiou contre-attaque

A bien des égards, le millésime 2021 a rappelé à Eve et Jean-Pierre les mésaventures de 2016. Il y a d’abord eu le gel, puis la pluie abondante et constante. Et le mildiou a repris de plus belle. Mais cette fois-ci, la leçon est apprise. Chez les Grossot, on consulte la météo, on scrute le ciel. « Dès qu’il y avait la moindre fenêtre de soleil, on traitait les vignes au cuivre ».  Résultat : « le feuillage était normal à la récolte », commente Jean-Pierre, non sans satisfaction d’avoir déjoué cette fois-ci les pièges de la nature. L’histoire ne s’est pas répétée : la cuvée 2019, prête à être mise en bouteille comme celle de 2015 au moment de l’attaque du mildiou, arbore fièrement le label vert conquis de haute lutte par le domaine. 

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